Coup droit au genou popularisé par Jon Jones, l’oblique kick est légal sous les Règles unifiées et régulièrement utilisé pour contrôler la distance. Mais depuis la blessure de Modestas Bukauskas face à Khalil Rountree Jr. en septembre 2021, la question revient avec insistance : cette technique doit-elle être bannie pour protéger les combattants, ou conservée au nom du réalisme du MMA moderne ?
Un coup légal… mais terrible
Techniquement, l’oblique kick est un coup de pied linéaire visant le genou (face ou intérieur) lorsque le pied adverse est ancré au sol. À l’impact, l’énergie est absorbée par l’articulation, pouvant entraîner entorses graves ou ruptures ligamentaires en cas d’hyperextension. Ce transfert d’énergie vers le genou est précisément ce qui rend la technique redoutable lorsqu’elle est parfaitement exécutée.
Bukauskas vs Rountree : l’incident qui a marqué les esprits
Le 4 septembre 2021 à l’UFC Vegas 36, Khalil Rountree Jr. bat Modestas Bukauskas par TKO au 2e round grâce à un oblique kick au genou gauche. Le Lituanien souffre alors de multiples lésions ligamentaires et doit s’éloigner de la cage pendant plus d’un an, subissant une lourde opération.
Fait notable, Bukauskas défend son adversaire dès le lendemain :
« Épargnez mon adversaire, ce coup était parfaitement légal ; c’était à moi de me défendre et je ne l’ai pas fait. » — Modestas Bukauskas
Rountree réagit aussi :
« Le combat… c’est sacrément dangereux, et tout peut arriver. » — Khalil Rountree Jr.
Le cadre réglementaire
Sous les Règles unifiées de MMA, appliquées par la plupart des commissions et par l’UFC, l’oblique kick n’est pas interdit. Les coups au genou en ligne ne figurent pas dans la liste des fautes, contrairement aux frappes ciblant nuque, gorge ou colonne vertébrale.
Les arguments pour l’interdiction
Risque lésionnel ciblé
Le coup vise directement l’articulation et peut provoquer des blessures graves compromettant une carrière.
Proportion risque / valeur sportive
Certains entraîneurs estiment que la technique n’apporte que peu de valeur par rapport au risque encouru, et qu’elle devrait être traitée comme d’autres gestes bannis.
Voix de combattants opposés
Plusieurs figures du MMA plaident depuis des années pour son interdiction, le jugeant trop dangereux.
Les arguments contre l’interdiction
Cohérence réglementaire
Pourquoi interdire un coup au genou alors que d’autres techniques tout aussi risquées, comme les clés de genou, sont autorisées ?
Responsabilisation et défense
Des combattants estiment qu’il existe des défenses efficaces et que ce coup fait partie de la stratégie moderne pour gérer la distance.
Rareté des fins de combat
Malgré son image choquante, les oblique kicks entraînant une fin de combat restent rares à l’UFC.
Analyse
Le débat oppose deux visions : protéger au maximum l’intégrité physique des athlètes, ou préserver la diversité tactique du MMA. Si les risques ciblés sur une articulation sont indéniables, le coup est légal et fait partie des stratégies reconnues.
Plutôt qu’un bannissement immédiat, une piste pourrait être d’intensifier la prévention technique dans les salles (lecture d’appuis, sorties d’angle, checks) et de continuer l’évaluation médicale pour mesurer son impact réel sur les carrières.
À retenir
- L’oblique kick est aujourd’hui légal sous les Règles unifiées.
- Le cas Bukauskas illustre ses risques lorsqu’il est parfaitement placé.
- Le débat reste ouvert dans la communauté MMA.
Tant que les règles ne changent pas, la meilleure réponse reste la pédagogie et la vigilance médicale. Mais une chose est sûre : l’incident Bukauskas-Rountree continuera d’être cité chaque fois que la question reviendra sur la table.
Crédit photo DR UFC