Dans un monde de bruit, de chiffres, de comparaisons constantes, la performance martiale trouve parfois son véritable moteur dans ce que l’on tait. Fred Bouammache, auteur de Protegor et expert en protection personnelle, nous invite dans le n°454 de Karaté Bushido à une introspection d’un autre genre. Il explore trois piliers fondamentaux, jeûne, respiration, visualisation, pour construire un socle martial aussi silencieux qu’efficace.
Le silence comme socle
Les arts martiaux, au-delà de la technique, du physique ou du combat, sont aussi une discipline de l’esprit. Le silence, souvent associé à la résilience, devient ici un outil. Il est ce moment où l’on se retire du vacarme pour mieux se concentrer, où l’on abandonne les discours inutiles pour se recentrer sur l’essentiel.
Fred Bouammache évoque ce « rugissement silencieux », cette force tranquille forgée dans l’ombre, dans la constance, dans la rigueur. Il nous rappelle que parfois, parler moins, c’est faire plus. Et surtout, faire mieux.
1. Le jeûne : l’arme invisible
Le jeûne n’est pas seulement une pratique nutritionnelle, mais un acte volontaire de discipline. Dans une époque où tout est abondance et immédiateté, s’abstenir devient un geste radical. Le corps, privé temporairement d’énergie externe, se nettoie, se régénère et développe une résilience nouvelle.
Fred propose d’intégrer des périodes de jeûne intermittent (type 16/8) dans ses routines. Cela permettrait, entre autres, d’optimiser sa récupération, sa clarté mentale et même ses performances physiques. Loin d’être une mode, c’est un retour à un instinct ancestral que de « s’alléger pour mieux combattre ».
2. La respiration : l’énergie vitale
Si le souffle est vie, sa maîtrise est puissance. Trop souvent négligée, la respiration est pourtant l’outil de base du combattant. Elle module l’effort, régule le stress et alimente la concentration.
Cohérence cardiaque, méthode Wim Hof, respiration nasale ou diaphragmatique… Les techniques ne manquent pas. L’important reste de les pratiquer en conscience. Une respiration efficace permet d'accroître son endurance, de canaliser ses émotions et d’amorcer un état de vigilance sereine.
3. La visualisation : le mental en action
Troisième pilier, la visualisation mentale agit comme une répétition invisible. Fred la compare à un « déjà-vu préparé ». Visualiser un enchaînement, une esquive, une victoire, conditionne le cerveau à réagir plus vite, plus juste, avec confiance.
Cette imagerie mentale peut être quotidienne. Elle se pratique partout, sans accessoire ni partenaire. C’est un outil de champion, souvent sous-estimé, mais utilisé par les meilleurs combattants, dont Valentina Shevchenko, que Fred cite en modèle.
L’essence du combat : un art de vivre
À travers ces trois piliers, c’est toute une philosophie martiale que Fred Bouammache met en lumière. Il invite à se reconnecter à l’essentiel, à l’intuition, à l’instant présent. Dans une époque bruyante et pressée, il s’agit de ralentir pour avancer, de faire moins pour faire mieux.
S'inspirant de figures animales comme le grizzli, à la fois massif, rapide, précis, ou de modèles comme Valentina « The Bullet » Shevchenko, il rappelle que puissance et silence sont loin d’être incompatibles.
Adopter un entraînement martial ancré dans le jeûne, la respiration et la visualisation, c’est s’engager sur une voie plus authentique, plus complète, plus durable. C’est faire le choix du silence efficace plutôt que du bruit superficiel. Un chemin exigeant, mais profondément transformateur.
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